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jeudi 19 janvier 2012

Ainebel dans les ecrits de Renan ,Mission de Phenicie ( 18641875)

Ainebel dans les ecrits de Renan , Mission de Phenicie  ( 1846- 1875)

https://books.google.com.lb/books?id=vDPCZ-YnG8AC&printsec=frontcover&hl=ar&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Page 675
"Au bas de la colline, entre Hazour et Aïnibl, il y a des apparences 
d'une grosse construction en très-grand appareil. Je n'ai pu vérifier si ce n'était pas un jeu de la nature. 

Aïnibl  (عينبل) a deux tombeaux bisomes, monolithes énormes, avec deux gros bouts saillants (forme propre au pays de Tyr et à la haute Galilée). On peut les comparer pour la masse au tombeau bisome de 
Ardh el-Urdani près de Cana. 

Doueïr  ( دوير) "le petit temple») a les restes d'un temple, dont la porte 
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676 MISSION DE PHENICIE. 
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à jambages monolithes existe en partie. Elle est d'un bon style, analopue à celle d'Oum el-Awamid, à moulures plates, de peu de saillie; il y a une rainure intérieure dans les jambages. Les matériaux sont de grande dimension. Parmi ces débris était un bloc considérable, de forme presque cubique, offrant sur une de ses faces une curieuse sculpture avec inscription. Les maçons et tailleurs de pierre chrétiens d'Aïnibl m'offrirent de séparer la face sculptée et de la réduire à une dalle assez mince pour la 
transporter à Sour sur un chameau. Ils firent ces deux opérations ex- trêmement difficiles avec une rare habileté, et ce monument est maintenant au Louvre, où il est, je crois, le plus curieux spécimen que l'on possède des cultes syriens. Il est représenté dans notre planche LVIÏ, 
fig. 3. 
L'inscription est fort difficile. J'ai réussi cependant à la lire presque 
tout entière : 

HMiOAnOAAUJNIlOYCENPIlAIOCIIEAAMANOYCOlKONOMOY 

HHIA K A EIT 0 YH r E M O N O C A E r • S-TO N O YAO N E Y[=]A M E NOSYnEPCWTHP I A CTO) N Y10)[N] 

ÂNEBHKEN 

[Ss]w kltôXkcf)vi, iovcr£vpiiaiïoç(1) HeXoLpidvovs oinovàpiov 

[KOÙ Êp]awXefTov -nys^ôvos Xsyç' TOV oùSov eù^dptevos bitèp crwTypioLç TWV vlw[v] 

dvédriKsv. 

Les lettres de la première ligne sont plus grosses que celles de la deuxième ligne; 
c'est ce qui fait que la lacune de la deuxième contient plus de lettres que la lacune 
de la première, outre que la première pouvait commencer un peu en recul. Le nom 
au nominatif est la seule chose qui m'échappe. Le N paraît avoir été barré ou retouché; 
cette lettre offre l'aspect d'un N et d'un H superposés; le caractère qui précède OLIOS 
se présente à l'oeil comme un U; peut-être est-ce un M; cependant les M de l'inscrip- 
tion n'ont pas cette forme. îotxrep/xatbsou ïovcrsvyppicûos, est d'ailleurs peu satisfaisant. 
SeXajxoÊinjs (Selmmi) est un nom commun dans le Hauran 1. On trouve aussi un Heraclite  dans la Batanée (Waddington, n° 21 \lx). Le tour de la phrase est singulier; 

Selman  et Heraclite paraissent les deux fils pour le salut desquels le monument est 
élevé. Il est remarquable qu'à Kefr Bereim, à une ou deux lieues de Douaïr, nous 
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1 Voir mes Observations sur les noms arabes de 
VAuranitide, dans te Rullctin archéol. de MM. de 

. Longpéricr et de Witte, sept. i856; Welzslein, 
Inschriften, p. 2 64, 364.

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CAMPAGNE DE TYR. 677 

trouverons une inscription hébraïque rappelant l'érection d'un oùSôs. Comparez aussi î"l^^nri,'î< de la grande inscription d'Oum el-Awamid. Les voeux de religion dans ce pays avaient souvent pour objet d'élever ces portes monumentales. (Cf. Waddington, n° 2 538 a; Vogué, Syrie centrale, Inscr. semii. p. îoo.) OvSôç est défini par Suidas : TO KUTO) TrjsB-vpas, ce qui convient très-bien à un linteau, comme est notre monu- 
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Des deux côtés du palmier, se voient deux petites inscriptions : 

ETAY AKT 

MH nANHM 
OYlÇ 

Il n'est pas impossible qu'après ETAY il y ait un petit C. Il faut en tout cas lire 

ÉTOVS CLKT, pvrfvbs 'usaLVYJiLov tç.- 

L'année 32 î calculée d'après l'ère des Séleucides donnerait l'an 9 de J. C. date 
beaucoup trop reculée pour le style du monument et de l'inscription. 
D'après l'ère de Tyr, on aurait 195 après J. C. ce qui va bien. Le règne de Commode et celui de Sévère sont l'époque où s'élevèrent en Syrie le plus de monuments aux frais des indigènes. L'ère d'Antioche donnerait l'an 273, et certainement le style de la sculpture ne répugnerait pas à cette date. Il est difficile de voir quelque chose de plus barbare. Cette barbarie, il est vrai, est encore plus une affaire de province qu'une affaire de date. Le style de la torche de la Lune est caractéristique d'une basse époque. Les deux divinités sont Apollon et Diane, symbolisant le Soleil et la Lune. Les deux figures ont été martelées. 

Doueïr a en outre une belle piscine à escalier, creusée dans le roc, 
et d'autres travaux nombreux creusés aussi dans le roc, en particulier 
des citernes. M. Gélis, qui le premier attira mon attention sur Doueïr et 
Sclialaboun, en compta quinze. Les caveaux offrent les espèces de jours 
de souffrance que nous remarquerons plus caractérisés à Sclialaboun. 

Prés de Doueïr, est Sclialaboun (شلعبون.), nom qui répond proba- 
blement au nom Wy?y& ou ^wW de la Bible 1, mais non à la localité 
mentionnée dans Josué, xix, ^2, et dans d'autres endroits 2. Cette localité, 
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1 Cette coïncidence me fut indiquée par les khouris 
maronites du pays. 

2 Knobel, sur Josué, xix, 42; Saulcy, deuxième 
Voyage, II, p. 276, 276. H est possible que les 

Danites émigrés vers le nord (Berlbeau, Zur Gesch. 
der Israeliten, p. 288, 289), de même qu'ils donnè- 
rent à Laïsch, après l'avoir prise, le nom de Dan, 
aient transporté avec eux le nom de Schaalabbim,

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678 MISSION DE PHÉNICIE. 
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en effet, est dans la tribu de Dan, à l'ouest de Jérusalem. En tout cas 
les beaux restes d'antiquité que possède Schalaboun ne sont nullement 
juifs. On y remarque : i°une très-belle construction carrée, en très- 
grandes pierres. En voici le croquis rapide pris par M. Gélis 1 : 

2° Une autre construction, dont voici l'esquisse sommaire tracée par 
le même : 

A , enceinte de pierres de taille. — B, plate-forme de roc aplani. — C, trou circulaire peu profond. 

— D, roc aplani. — EE, coupe suivant m n. 

3° Deux très-beaux sarcophages sculptés (sur le petit mamelon), 
ayant pour décoration une guirlande soutenue et relevée par un génie 
ailé occupant le centre de la large face, raisins en pendeloques antéfixes 
dans le sinus-de la guirlande. Aux bouts des deux sarcophages sont des 
espèces de petits autels ou soutiens comme ceux que nous trouverons à 
Oum el-Awamid; 
au-dessus, dans l'un des sarcophages, sont deux lances 
croisées et liées au point d'intersection par une couronne rappelant les 
armes du sarcophage de Kneifedh. Ce tombeau me paraît du même temps 
selon une habitude commune aux émigrés de tous les temps. 
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1 Qu'il me soit permis de déposer ici l'expression 
d'un vif regret pour la mort de cet officier distingué, 

qui rendit à la mission les plus grands services, et 
dont les relations personnelles eurent pour moi cl 
pour les personnes qui m'accompagnaient un charme 
extrême.

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CAMPAGNE DE TYR. 679 

que celui de Kneifedh, et reporte la pensée vers l'époque des Hérodes, 
des Ptolémées fils de Mennée, des Lysanias, des Zénodore, chefs arabes 
inféodés à l'empire romain, adoptant les modes et le style grecs, ou bien 
encore vers le mélange de moeurs grecques et arabes qui se produisit 
à Palmyre et dans le Hauran au second siècle. Les armes, demi-romai- 
nes, demi-arabes, qu'on voit sur les monuments de Schalaboun, feraient 
croire que les aristocrates pour lesquels furent construits ces superbes 
tombeaux appartenaient à la race qui prit la prépondérance, à l'époque 
romaine, sur toute la ligne du Jourdain et de l'Anti-Liban. Sur ces grands 
tombeaux de famille chez les Arabes ghassanides, voyez Caussin de Per- 
ceval, Essai, II, p. 2/11 ; Hartwig Derenbourg dans le Journal Asiatique, 
oct.-nov. 1868, p. 311,879. 

k° Un autre sarcophage, très-beau encore, très-large, présentant des 
acrotères démesurés, près de la construction carrée. 

5° Un caveau d'un genre à part, avec des niches dans le vestibule. Je 
le crois juif. 

6° Deux autres caveaux du même genre contigus. Au-dessus de l'en- 
trée de l'un, deux mains qu'on prendrait pour des fourchettes, si l'in- 
tention d'y figurer cinq doigts n'était évidente. Cette sculpture semble mo- 
derne; c'est peut-être le signe contrôle mauvais oeil. L'autre caveau a deux 
chambres qui se suivent. La première chambre a été déblayée par les 
chercheurs de trésors; mais ils n'ont pu enlever la pierre qui fermait l'en- 
trée de la seconde chambre. Il y aurait là une fouille intéressante à faire. 
Ce caveau paraît un de ceux qui peuvent le mieux donner l'idée du tom- 
beau de Jésus 1. 

Un des traits caractéristiques de ces trois caveaux, c'est une espèce de 
jour de souffrance, percé près de l'entrée et destiné, quand la pierre était 
roulée à la porte, à éclairer l'intérieur. Nous avons déjà trouvé cette par- 
ticularité à Doueïr. Les sépultures phéniciennes et syriennes n'offrent 

1 Voir Vie de Jésus (13e édition), p. /1/17, /168 ; Vogué, Les églises de Terre Sainte, p. 1 26 et suiv.




680 MISSION DE PHÉNICIE. 

aucune trace de la préoccupation de donner du jour à l'intérieur du tom- 
beau. Les « cheminées » de Gébeil, d'Amrit, de Saïda ne pouvaient servir 
à éclairer l'intérieur, puisqu'on les bouchait après la perforation du ca- 
veau. Elles n'ont d'ailleurs aucune ressemblance avec l'espèce d'oeil-de- 
boeuf dont nous parlons en ce moment. On remarquera sur toutes les 
tombes de la région où nous sommes l'absence d'épitaphe, trait essentiel- 
lement juif ou phénicien. 

70 Schalaboun a aussi un caveau à niches; au-dessus on avait construit 
une voûte comme à Hazour. Cette voûte est détruite, et le caveau est 
maintenant plein d'eau. 

On me parla, à deux reprises différentes, de sculptures à Bint-Gébeil. 
Serait-ce là une confusion avec Doueïr et Schalaboun, localités voisines? 

Yaron (^-l*), le f)$y nephtalite de Jos. xix, 381, a une importante 
ruine qui mériterait une étude de la part d'un architecte. C'est un tertre 
couvert de très-beaux matériaux, où des restes notoirement chrétiens se 
mêlent à d'autres qui semblent provenir d'un temple païen. Ce n'est sûre- 
ment pas une synagogue, comme on a cru pouvoir le supposer. II y a 
là d'assez bons chapiteaux corinthiens, d'autres portant une croix, qui 
paraissent de ce style du temps de Justinien, qui a laissé tant de traces 
en Syrie; il y a aussi de belles pierres de frise, à plates-bandes fines, 
qui rappellent les linteaux d'Oum el-Awamid. Au pied du tertre, sont 
des couvercles de sarcophages à acrotères présentant une sorte de cloison 
au milieu. Au-dessous, est un beau puits rond, à escalier, bâti en pierres 
détaille. Plus bas encore, est une piscine, avec une construction, sorte 
de sacellum, à côté. 

A l'angle de la porte de la mosquée métualie, il y a un bloc dont deux 
côtés sont visibles. Sur l'un de ces côtés se voit un palmier bien sculpté 2; 

1 Nau, Seetzen, Monro, Robinson, Van de Velde, 
Thomson l'ont visité : voir Ritter, XVI, p. 78U, 
785; Robinson, II, p. 467 ; Van de Velde, I, 
p. 133; Thomson, I, p. Zi35; Seetzen, 2e partie, 

p. 123; Comm. p. 3oi; Knobel, Commentaire sur 
Josué, p. Z169. 

2 Sur le symbole du palmier en Phénicie, voir 
Schroeder, Die Phoen. Spr. pi. xvin, nos 10 ; ii-